Description
JUSQU’À L’OS DE LA PAROLE – Extrait :
Un jour, comme ça, j’allais à l’école, Ousmane m’a fait signe du coin de la rue pour que je m’approche, et m’a tendu un tube de colle qu’il m’a mis sous le nez.
— Renifle ça ! Ça sent bon.
J’ai sniffé une fois, ça avait une odeur sucrée. Il a répété :
— Sniffe encore !
J’ai sniffé, sniffé, sniffé encore. Après il m’a mis son bras autour des épaules et m’a chuchoté à l’oreille :
— Pour aujourd’hui, on arrête. Tu sais, si un jour pour toi, ça ne marche plus dans ta famille, viens dans la rue avec nous. On a un coin à nous près de la gare, tu verras il y a une grande cour, on est entre nous et je t’apprendrai à gagner de l’argent très vite.
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BEACH-BOYS – Extrait :
Malick reçoit au bout de la plage sous un abri mal fermé par un simple rideau accroché à une tringle. Quatre poteaux plantés dans le sable, surmontés d’un toit en paille. À l’intérieur un lit recouvert d’un tissu. J’apporte ma propre serviette de bain pour recouvrir le tissu, une serviette beige ou rose, ça dépend des jours. Malick a une bonne tête. Il est très musclé sous son maillot rouge. Je ne sais rien de sa vie, je ne suis pas curieuse. Lorsque je sors de chez lui, j’ai un drôle de goût de cendre dans la bouche, alors je me plonge dans l’océan et je nage à en perdre le souffle. Ce que j’ai fait avec lui me rend insatiable, de tout. Puis je vais prendre une douche dans ma paillote. Je me savonne et laisse ruisseler l’eau sur mon corps longtemps, comme pour me purifier de quelque chose.
Catherine de Lasa –
Un ambassadeur indifférent à la crise cardiaque d’un serveur au cours d’une luxueuse réception, un enfant des rues retiré in extremis du milieu de la drogue…les tableaux d’une Afrique contemporaine se succèdent dans un défilé coloré et toujours très juste.