Description
Peu après, Claude Guillouet et Pierre Barrère s’embarquent pour la Guyane sur le vaisseau du roi, l’Éléphant[1]. Une fois à Cayenne, Pierre Barrère parcourt en tous sens le pays. Ses voyages l’entraînent notamment sur les rives du Kourou et de l’Orapus, mais aussi naturellement sur le littoral, dans les savanes et les prairies. Pierre Barrère y étudie non seulement les plantes, mais aussi « l’histoire naturelle entière », et, selon le gouverneur Claude Guillouet, il trouve « beaucoup de choses rares »[2].
Si Pierre Barrère, lorsqu’il se trouvait en Guyane, s’est surtout intéressé à la botanique et à l’ethnologie, il s’est également préoccupé des maladies des esclaves noirs ; parmi celles-ci, une l’a particulièrement frappé, le tétanos, responsable, du moins en partie, d’un grand nombre de décès de ces esclaves[3] .
Dans les quelque 250 pages, qui constituent la Nouvelle relation de la France équinoxiale, Pierre Barrère décrit, entre autres, la culture de la canne à sucre, du rocou, du café, ainsi que celle de l’aloès et du manioc ; il y étudie également l’économie de la colonie et insiste sur les plantes qu’il pense pouvoir être utiles à la médecine ; il y dépeint les animaux « extraordinaires » inconnus en France ; il y dresse un portrait détaillé et vivant, du caractère et des mœurs des différentes populations qui vivent dans cette Guyane du premier quart du XVIIIe siècle. Enfin, Pierre Barrère préconise aussi de cultiver les terres basses, qui sont plus fertiles, comme le font les Hollandais dans leur colonie du Surinam. Un demi-siècle plus tard, l’ordonnateur Malouet partage la même opinion, et passera pour le premier à l’avoir dit[4].
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Il y a nombre de nations d’Indiens qui habitent sur ses rives : les Coussanis, les Armagoutous, les Caïcoucianes, & entre autres cette nation qu’on appelle Acoquouas, qui ont les joues percées[5]. Ces Sauvages entretiennent ces ouvertures qu’ils se font à dessein, par des plumes de perroquet, ou d’autres oiseaux, qui leur servent d’ornement : ils ont même soin de les percer à leurs enfans, dès qu’ils sont nés.
[1] Ibid., p.329.
[2] Ibid., p.330.
[3] Chaïa (Jean), « Pierre Barrère (Perpignan 1690-1755) Médecin Anatomo-Pathologiste » …, op. cit., p.210.
[4] Chaïa (Jean), « Pierre Barrère (1690-1755). », op. cit., p.21.
[5] Ce sont les voyageurs Constant et Gras qui, en 1720, rencontrent pour la première fois des Coussaris (actuel Kusari) ; ils sont alors situés sur l’actuelle rivière Courouaïe. Neuf ans plus tard, Lefebvre d’Albon situe les Armagotu « dans le haut des terres du costé du Sud ». Si la Carte de la Rivière d’Ouya mentionne déjà des Kaikusian dans la région Araoua-Ouaqui, le père Fauque, en 1738, les place à trois jours de marche en-deçà du Tamouri. Quant aux Akokwa, ils sont mentionnés pour la première fois en 1720 par l’ordonnateur Lefebvre d’Albon, qui les situe alors dans les « montagnes du haut de l’Approuague ». (Lombard (Jacques), « Recherches sur les tribus indiennes …, op. cit., pp.122-128).
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