Description
La musique pour les hommes dès les temps reculés s’ancrait sur la religion et la science. Pas pour leurs compagnes. Chez les Papous, une flûte sacrée ne devait pas être vue par les femmes. Plusieurs peuples affirmaient que les voix aiguës détenaient un pouvoir pernicieux sur les garçons. Selon les Grecs, les sirènes par des chants pouvaient devenir fatales pour les marins, de même les hétaïres athéniennes qui animent les banquets. En France, la crainte de donner un tel savoir aux filles a longtemps perduré. Par ailleurs, jusqu’à une date récente, la baguette de chef d’orchestre et les instruments de musique à forme sexuelle masculine ont été jugés indécents dans les mains d’une femme ainsi que ceux constitués d’un tuyau porté à la bouche de celle-ci…
À partir de la promulgation de la Troisième République, les journaux multiplient les annonces de cours privés. Chacune des enseignantes veut démontrer sa particularité. L’une en chant s’exprime en trois langues différentes. « L’Opéra a gardé le meilleur souvenir » de madame Laborde, dont la publicité pour ses cours précise « à l’usage des élèves qui se destinent au professorat et à la carrière théâtrale ». Le grand ténor Wartel fonde avec une collègue, madame L’Héritier, une école de futures divas. Angèle Blot, quoique juste second prix, se vante d’avoir enseigné au Conservatoire. Elle organise des « cours de harpe d’une durée de deux heures, donnés qu’à quatre élèves à la fois ». Généreuse, madame Blot offre des leçons gratuites pour les adolescentes aux « honorables références. » Le choix existe pour le piano, entre « les progrès rapides des élèves font foi du talent du professeur » et « les bons résultats obtenus par cette méthode ingénieuse, qui oblige, pour ainsi dire, les élèves à devenir musiciennes ».
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