Description
Je vais essayer de restituer mon histoire. D’un temps que les moins de mon âge ne peuvent pas connaître. Même pas imaginer. Car l’empreinte du temps est aujourd’hui tellement éphémère, avec une évolution tellement rapide et différente que le siècle d’aujourd’hui ne semble même plus être la continuité du précédent. Cette fois-ci, le sable n’est plus sous nos pieds. Il est entre nos doigts qui ne retiennent plus rien.
J’avais remarqué que les garçons faisaient toujours monter en premier les filles qui, à cette époque, ne portaient que des jupes ou des robes que nous affublions de jolies chaussettes qui enveloppaient bien la jambe pour tenir au chaud nos gambettes l’hiver, et de socquettes en coton, parfois joliment brodées, l’été. Ce n’était peut-être pas très élégant, mais c’était la tenue normale et, comme tous les enfants, nous ne voulions pas nous distinguer des autres.
Naïves comme nous étions, nous n’avions même pas réalisé que c’était sans doute pour voir nos petites culottes que les garçons nous faisaient monter les premières
Jusqu’en 1885, ce village était animé par l’exploitation des ardoisières. Ce qui a permis la construction de hameaux à côté de l’exploitation et la venue de gens. Quand j’étais enfant, cette activité était arrêtée depuis longtemps. Nos parents nous disaient de ne pas aller dans ces anciennes carrières, car on pouvait s’y enliser. Ils nous disaient que des paysans avaient été engloutis avec leurs charrettes en passant sur ces terrains. Sortes de sables mouvants terriens. C’est ainsi qu’enfants, nous imaginions ces terrains. Alors, on regardait de loin ces collines façonnées par le dur labeur des carriers, fendeurs et autres gens nécessaires à la production d’ardoises.
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