Description
Pages 15 et 16
Un beau matin printanier, Edgar se dit que la douceur climatique est une invitation à la promenade. Alors, comme à son habitude lorsqu’il part en balade, il attrape son bloc à dessin et son crayon et prend la direction de la Marne. Ainsi muni, il pourra croquer les scènes et les paysages qui lui paraîtront intéressants à reproduire en tableaux.
Soudain, son attention est attirée par des rires d’enfant.
« Viens ici, Olivier ! entend-il. Ne t’approche pas du lavoir ! Tu pourrais tomber dans l’eau ! »
« Tiens ! se dit Edgar. Je vais voir ce qu’il se passe. Il y a peut-être quelque chose à peindre. »
S’approchant des silhouettes qu’il avait perçues au loin, Edgar se rend compte que la femme qui appelait son petit garçon est lavandière. Avec une consœur, elle frotte des draps et autres pièces de lingerie avec vigueur, tout en bavardant. Pendant ce temps, le garçonnet, d’une huitaine d’années, gambade autour d’elles, riant aux éclats chaque fois que l’une des blanchisseuses s’éclabousse. La mère, toute à sa besogne, garde, malgré tout, un œil constant sur son fils et, lorsqu’elle le voit s’approcher trop près du point d’eau, lui crie une remontrance, comme tout à l’heure.
Tout à coup, la femme se lève, le visage grave. Inquiète, sa consœur se lève également, alors que son amie se tient la joue.
« Cela ne va pas ? lui demande-t-elle.
• J’ai subitement une rage de dents. Mais ne t’inquiète pas ; cela va passer. »
Edgar, trouvant la scène pathétique, a soudain envie de la reproduire sur toile. Alors, s’approchant des deux femmes, sous l’œil curieux d’Olivier, il lance :
« Bonjour, mesdames. Je m’appelle Edgar Degas et j’aimerais vous peindre. L’acceptez-vous ?
• Faites comme vous voulez, monsieur, répond la mère de l’enfant, surprise et intimidée qu’un homme endimanché s’intéresse à elles. Ce n’est pas tous les jours que quelqu’un s’intéresse à des femmes comme nous !
• Merci beaucoup, mesdames. C’est très aimable à vous. »
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