Description
« – Regarde, moi : j’écris pour décrire, pour capter le présent. J’écris pour inscrire dans le réel ces choses qui fusent autour de moi et qui sont trop négligées sous prétexte qu’elles ne bouleversent pas le monde. J’écris, pour rendre hommage au banal. Mais le banal, ça ne vaut rien, et le décrire, à quoi bon. Je suis un écrit-vain. Puis, écrire comme ça, c’est une tâche bien ingrate : ces choses auxquelles je rends hommage ne sont même pas au courant que je parle d’elles, et si elles l’étaient, elles s’en foutraient, mon vieux. Quant au reste de la population, le reste : il s’en fout tout autant. La masse veut qu’on la sorte de la masse, elle veut du rêve, de l’exception. »
*
Une fois qu’elle fût redevenue calme, je m’allongeai auprès d’elle et je me blottis contre elle comme contre une mère. Et alors, dans un moment comme celui-ci, je m’arrêtai de vivre parce que le temps ne tournait plus, il ne pouvait pas faire autrement. C’était dans ces moments où il réalisait qu’il ne pouvait rien faire : c’était un pur moment d’impuissance pour lui. Il ne pouvait que constater que, parfois, il n’avait plus prise sur les hommes, qu’on s’en tirait très bien sans lui, qu’on lui crachait à la figure et qu’il ne lui restait qu’à avaler tout le mépris qu’on lui donnait. C’était peut-être difficile de voir que c’est ce qu’il se passait, sur cette petite plage de galets, et pourtant tout devenait si clair quand Laurence disait, doucement : « Je suis bien, là. »
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