Description
EXTRAITS DU LIVRE
Giulio, lui, se dirigea vers la terrasse. Sous la lumière naissante de l’astre solaire, il suivit du regard le départ des deux hommes entourés de six autres cavaliers. Restait à savoir si sa supercherie serait avalée par les élites de la Curie. Il avait créé des indices, tordu la signification de textes et d’enluminures pour les faire entrer dans son univers. Il n’avait jamais eu l’intention de confier les quatre plaques d’ivoire sculptées qui dessinaient l’aube de l’humanité simple, rapide, compréhensible. Cette vérité ne serait pas acceptée par le fanatisme. Cette histoire serait détruite au profit d’une religion officielle. Seul le temps serait incontournable à l’Homme pour disposer d’assez de liberté d’esprit pour l’assimiler et… accepter sa véritable origine.
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Songeuse, Mégane suivit l’homme de la maintenance qui n’avait aucune raison de mentir. La porte s’ouvrit sur le bureau paysager. Elle écarquilla les yeux : les tables de travail étaient là, mais les ordinateurs avaient disparu. Les gens affairés sur leurs dossiers, leur téléphone, étaient des fantômes. Cette désertion la laissa pantoise. Le bruit de différentes activités avait laissé la place à un silence lourd de menaces. Le grognement du concierge la tira de sa léthargie.
— Ils déménagent !
De son index boudiné, il désigna un groupe de silhouettes sur le toit-terrasse. Des gros bras coinçaient des cartons sur un monte-charge extérieur pour les acheminer vers le camion de déménagement en contrebas dans l’avenue. Mégane le distinguait à ses pieds à travers la baie vitrée.
— Je peux vous les louer parce qu’ils partent définitivement.
— Je n’ai pas prévu cette éventualité dans mon agenda ! Vous étiez prévenu de leur déménagement aujourd’hui ? demanda Mégane, perplexe.
Il secoua la tête.
— Ils sont libres, je vais faire un tour pour voir s’il n’y a pas de dégâts.
Mégane l’accompagna, silencieuse. Au-delà de son étonnement, elle ne comprenait pas les motivations de cette mascarade : faire une proposition mirobolante et s’évanouir dans l’heure suivante.
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Léo enfourna ses vêtements dans la bouche de la machine et revint torse nu avec leur unique serviette nouée autour de la taille. Pendant ce temps, Mégane avait refait du thé. Elle découpait un torchon en bande qu’elle enfourna dans un petit sac papier aux armes de l’abbaye. Elle pivota sur ses doigts de pieds et envisagea son compagnon de galère.
— À Eilat, nous avons eu la même analyse sur la confection du Verbum et des papyrus par Brancaléoni. Léo hocha la tête. Imagine qu’il se soit trouvé dans la même situation… Obligé de fournir un livre qu’il ne possédait pas !
— Tu es géniale ! s’exclama Léo. Je ne sais pas comment il a réussi à bluffer ses contemporains… mais il y a mis tout son talent !
Mégane lissa ses cheveux avec ses doigts.
— Il l’a fait, nous pouvons l’imiter. Il faut récapituler nos connaissances sur la table de la bibliothèque, récupérer des vieux parchemins.
— Tu serais capable de donner le change ?
— S’il y avait des experts ou des universitaires comme Halima, je n’aurais pas la moindre chance, mais en face, qu’avons-nous ?
— Un arrogant et un assassin, un cocktail des plus dangereux.
— Exact, il confiera notre bébé à de véritables experts. D’ici là, nous aurons déménagé, dit-elle d’une voix décidée.
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