Description
EXTRAITS DU LIVRE
Il y a trois ans, j’ai vieilli d’un seul coup en apercevant Marie Lune, notre fille adoptive, étendue par terre, abattue à bout portant. Et j’ai sombré dans un gouffre sans fond quand ma femme Chantal s’en est allée cinq mois plus tard, discrètement, sans crier gare. Sans me prévenir surtout… Certainement pour ne pas m’inquiéter davantage.
« Je te connais par cœur et sur le bout des doigts, me disait-elle souvent pour me taquiner. Justement, l’un d’eux m’informe que tu devrais écrire ton journal à ton tour. »
Au tout début, Marie Lune m’avait demandé de lire régulièrement le sien. « Déplace le signet. Ainsi, je saurai où en est rendue ta lecture. » Chaque matin, je me rendais donc à la buanderie et j’ouvrais son cahier. Elle le rangeait derrière les chaudières de savon, bien protégé dans un sac en plastique. « Tu comprends, Georges, me savoir accompagnée dans mon cheminement m’aide à ne pas me perdre. La solitude ne m’effraie pas, l’isolement, oui. Mais ne me fais aucun commentaire. À d’autres peut-être… »
J’avais pris l’habitude d’en recopier fidèlement chacune des pages et, le soir venu, je les relisais à tête reposée à Chantal. C’est d’ailleurs en constatant mon trouble grandissant qu’elle m’avait conseillé d’y insérer mes commentaires, mes réactions, mes émotions, afin de m’en libérer, m’alléger…
Jamais je n’aurais pu imaginer qu’en ce début de printemps l’arrivée d’un étranger au manoir bouleverserait notre petit village et ma vie à ce point.
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