Description
Je suis née pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme disait Jean, mon mari, quand il avait bu : « T’es née sous les bombardements, ça t’a laissé un grain. »Mes parents auraient sûrement préféré ne pas m’avoir, il y avait déjà sept enfants à la maison, déjà grands. Deux garçons, puis cinq filles à la suite.
Mais ils ne m’ont jamais rien dit à ce sujet. Mes frères aînés auraient aimé avoir un petit frère qui jouerait au foot, bien qu’ils aient passé l’âge de jouer dans la cour de récréation.
Ma mère s’étant aperçue qu’elle attendait un enfant l’annonça à mon père qui ne voulut rien savoir Il y avait déjà assez de problèmes avec cette guerre.
Il lui a répondu qu’elle avait dû avoir peur des Allemands. Quand j’ai bougé dans le ventre de ma mère, il a bien fallu se rendre à l’évidence : je suis donc la grande peur des Allemands.
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Je rentre de promenade. Il fait une chaleur à crever. Plus tard, je descends à St Gervais, et je traîne dans les rues, le regard tourné vers les montagnes. C’est drôle. Des sapins plus audacieux que
les autres ont assailli le sommet, alors que d’autres, plus frileux, stoppent à mi-pente. Je me suis reposée un peu sur un banc derrière l’église. J’avais aperçu à la terrasse d’un café Mme M… Et quelques autres femmes. Les lunettes de soleil sont de bonnes complices. Je peux faire semblant de ne pas les voir sans être trop impolie. Je passe pour une sauvage aimant la solitude. Cela en ferait rire quelques-uns. Mais c’est pourtant ce que je suis actuellement.
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