Description
EXTRAITS DU LIVRE
Comme l’avaient souligné d’emblée les pionniers du mouvement hygiéniste, l’organisation de la prévention doit être adaptée aux réalités des phénomènes visés, telles que mises en évidence par les enquêtes et les recherches. Si cette idée, qui peut paraître évidente, va dynamiser l’évolution de la prévention dans les pays anglo-saxons, force est de constater qu’en France, les actions de prévention ne sont encore qu’exceptionnellement basées sur des données scientifiques ou sur la situation réelle des enfants et des adolescents. ( page 35 )
De fait, dans la vision holistique de la définition de la santé proposée par l’OMS : « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » (3), l’éducation pour la santé va progressivement s’inscrire, à partir du dernier quart du XXème siècle, dans une perspective plus globale et dynamique. Au-delà de la gestion ou de l’apprentissage des risques de maladie ou d’accidents et des dangers, des comportements protecteurs ou préventifs, elle va dès lors s’étendre à d’autres éléments comme les interactions sociales, le bien-être, le rôle et le pouvoir sur sa propre santé, la conscience des déterminants de la santé, ou encore la réflexion sur la place et la priorité de la santé dans la vie. Avec cette évolution, la santé n’est plus seulement l’affaire des professionnels de santé, elle devient aussi l’affaire des éducateurs (2). ( page 40 )
Le concept de « promotion de la santé », formalisé en 1986 dans la Charte d’Ottawa, a élargi la démarche préventive et éducative en mettant en avant la responsabilité collective (1). Si l’éducation pour la santé, centrée sur les individus, en reste une composante essentielle, il s’agit aussi de favoriser les mobilisations et les changements collectifs en prenant en compte les déterminants psychosociaux et sociétaux à l’origine des attitudes et des comportements défavorables à la santé. Autrement dit, chacun d’entre nous, dans une perspective personnelle et/ou professionnelle, est concerné et peut agir. À ce titre, le concept de « promotion de la santé » nous oblige à nous poser la question des rapports entre l’individu et la société. Il nous oblige à préciser ce que nous sommes prêts, sur le plan personnel et/ou professionnel, à donner et à ne pas donner, à faire et à ne pas faire, pour l’ensemble de la communauté, et au nom de quoi. C’est dire aussi que le concept de « promotion de la santé » nous oblige à nous poser la question à laquelle aboutissent toujours toutes les interrogations éthiques : « Quel est le monde que je veux léguer à mes enfants ? ». Sommes-nous prêts, collectivement, à nous investir dans une telle entreprise ? ( page 51 )
En permettant d’identifier des groupes à risque, les progrès de l’épidémiologie ont ainsi largement contribué au développement de la médecine préventive (1). La prévention telle qu’envisagée ici repose avant tout sur le dépistage le plus précoce possible des enfants et des adolescents présentant des facteurs de risque ou manifestant déjà des symptômes, l’objectif étant d’éviter, par des mesures appropriées, une évolution vers des troubles caractérisés. Si cette façon de faire apparaît, à première vue, parfaitement justifiée dans la mesure où il n’est pas concevable de nos jours de laisser sans aide des enfants et des adolescents dont on sait qu’ils risquent, plus que les autres, de présenter des troubles mentaux, elle n’est cependant pas sans poser certains problèmes, d’ordre à la fois méthodologique et éthique. ( page 81 )
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