Description
EXTRAIT DU LIVRE
Quatorze heures quinze ! Laura pénètre dans la cour. Son visage rose du halètement hume à pleins poumons l’odeur de moka mêlée aux senteurs de l’automne. Ils prennent le café, pense-telle. Elle s’arrête un instant pour apaiser son souffle qui a souffert de la petite côte menant à Belle Vie. Un petit vent soulève ses cheveux châtains, négligemment peignés et tombant en vagues grossières sur ses épaules. En ce début d’automne, le soleil pointe encore ses rayons qui réchauffent l’atmosphère.
— Tiens, regarde ce que je t’ai apporté.
Elle sursaute et, se retournant, reconnaît Lazare. Elle récupère le papier qu’il lui tendait et, d’un sourire qui enjolive son visage rond, le remercie.
— C’est en anglais. Tu sais lire l’anglais non ?
— Oui, Lazare !
— C’est mon cousin des États-Unis, Teddy, qui me l’a envoyé.
— Ah !
— Mon cousin connaît ce professeur, quoi ! C’est un grand docteur, un spécialiste important qui s’occupe des gros.
Laura frissonne. On lui sert encore du « gros ». Ne pourrait-on la laisser vivre en paix sans insinuations gênantes. Sans aucune allusion à sa grosseur. Oui une relation sans allusion aucune !
Mais venant de Lazare, elle sait qu’il n’y a aucune méchanceté dans ses pensées. Il est l’un des rares de l’association à lui témoigner de l’affection. Il veut simplement lui apporter une solution comme il se plaît à le répéter.
— Merci Lazare.
— Tu sais Laura, je suis fier de ce professeur. Il s’appelle Gregory Ovinian, quoi ! Il est Américain, mais d’origine arménienne comme mon cousin, comme moi. Tu devrais essayer.
— Mais… Lazare, je ne peux pas aller aux États-Unis.
— Peut-être qu’il y a pareil docteur en France, lui glisse-t-il en lui prenant tendrement le bras. Et puis si tu te décides, sache que je peux t’aider.
Elle apprécie ce geste chaleureux. Elle jette un regard rapide sur le document. Il s’agit d’une publicité sur une nouvelle technologie de traitement de l’obésité. On peut y voir la photo d’un patient prise avant le traitement aux côtés de la photo du même patient prise après. Sur la deuxième prise de vue il est méconnaissable. En l’espace de douze mois, il a fondu de 120 kilos. Il faut dire qu’il en pesait 240.
Elle lui adresse un sourire gracieux de ses grands yeux vert noisette qui dominent la petite taille de son interlocuteur.
— Malheureusement, la publicité dit que la technologie se trouve exclusivement aux États-Unis.
— Alors il faut aller là-bas, quoi !
— Ah !
- De nos jours, aller aux États-Unis c’est aussi simple que d’aller à Paris.
— Tu es gentil Lazare ! Un jour, quand je serai riche !
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