Description
Extrait page 213
Florence est sans doute plus à plaindre qu’à blâmer. Son affaire, somme toute modeste, n’a pas de quoi défrayer les chroniques judiciaires ni enflammer les médias. Mais elle est révélatrice des détresses qui se dissimulent derrière ces visages inexpressifs que l’on croise quotidiennement dans le métro parisien ou sur les trottoirs de nos provinces.
Quand je rencontre Florence pour la première fois, elle a 51 ans. Tout chez elle passe inaperçu. Sa silhouette, quelconque. Sa taille, moyenne. Ses vêtements, ternes. Son visage, passe-partout. Ses paroles, sans relief. Son regard, triste. Son allure générale, fade. Elle ressemble à ces femmes timides qui rasent les murs de peur qu’on les remarque. Elle est transparente. Je l’imagine dans la rue, inconnue qui se fond et disparaît anonymement dans la foule comme une larme de pluie dans l’océan.
Et pourtant, derrière cette façade d’une absolue banalité, se cachent un cœur qui saigne, des yeux qui pleurent, et une bouche qui ment parfois pour taire un bonheur impossible.
Car elle vit le calvaire d’un amour sans espoir.
Extrait page 267
Il frappe sa compagne et s’étonne de se retrouver devant le tribunal. Il remplace l’héroïne et la cocaïne par des fleuves d’alcool et s’étonne que sa mère le fasse interner en psychiatrie. Il peint ce qui ressemble à des cauchemars et s’étonne de ne pas vendre ses œuvres. Il est comme ça, Pierre-Yves, il s’étonne de tout. Il fuit la réalité, comme jadis son père a fui son dilemme et même la vie en se suicidant à 29 ans faute d’avoir su choisir entre deux amours.
Il a la cinquantaine un peu brouillonne lorsqu’il est placé sous contrôle judiciaire. Grand et mince, il arrive mal rasé. Son pantalon n’a pas vu de fer à repasser depuis un temps certain. Mon rendez-vous précédent était avec un jeune chef d’entreprise d’une élégance raffinée. Avec Pierre-Yves, ça fait une moyenne. Pour autant il n’est pas repoussant. Son aspect négligé est compensé par un regard humble et vaguement malheureux. Il me fait penser à un chien de vagabond, au poil pas très frais, à l’œil à moitié caché sous une paupière alourdie par le poids de la vie, un peu comme le Clochard, sans sa Belle, de Walt Disney.
Extrait page 311
La présidente de la cour d’assises de Paris prend la parole et s’adresse à l’accusé en ces termes :
- Veuillez décliner vos nom, date de naissance, adresse et profession.
- Je m’appelle Bruno X. Je suis né le…
Bruno d’une voix monocorde, voire monotone, déroule son état civil. La présidente poursuit :
- Vous êtes accusé d’homicide volontaire et de tentative d’homicide volontaire concomitante à un autre crime. Si ces deux chefs d’accusation sont retenus contre vous, la peine encourue est la réclusion criminelle à perpétuité.
C’est ma première cour d’assises. Enfin presque. Jeune étudiant en droit à Strasbourg j’avais assisté, lors de ma spécialisation en sciences criminelles, à plusieurs procès de ce type. Mais ne connaissant pas les accusés, j’observais alors le déroulement des audiences d’un œil intéressé et observateur, mais un peu froid, tel un futur médecin légiste assistant à une autopsie. Ici à Paris, changement d’ambiance puisque je connais Bruno. On ne va pas juger un anonyme, mais un homme fait de chair et de sang, que j’ai côtoyé pendant un an et demi et dont quelque chose me dit déjà que je vais le revoir longtemps encore après le procès.
Annie –
LIVRE PASSIONNANT POUR DÉCOUVRIR LE MONDE PEU CONNU DU CONTRÔLEUR JUDICIAIRE.
L’AUTEUR QUI EXERCE LUI-MÊME BÉNÉVOLEMENT CETTE FONCTION DEPUIS DE LONGUES ANNÉES, NOUS TRANSMET AVEC PUDEUR ET SINCÉRITÉ SON EXPÉRIENCE AU SERVICE DES JUSTICIABLES.
A RECOMMANDER.
Marie Christine –
Grâce a l’auteur, j’ai découvert le monde méconnu de la justice. Une étude enrichissante, un
livre que tous devraient lire. Merci de m’avoir fait partager cette expérience et bravo a vous
pour ce dévouement