Description
Un dimanche soir à Grenoble, je dis au revoir à ma fille et m’en vais sur Annecy, où j’ai trouvé un travail d’ingénieur dans une toute petite entreprise de fabrication de machines à roder les sièges de soupapes pour les moteurs de voitures. La vie est difficile pour moi, et loin de ma fille, je m’ennuie. Arrivé par la nationale à Aix-les-Bains, il se fait tard et la nuit est tombée. Un rond-point se présente : « Et si je le prenais à l’envers, ça m’amuserait ! » Ouf, il n’y a personne et les rues sont presque désertes. « Et si je conduisais vite tous phares éteints ? ». Je roule à tombeau ouvert. Je suis fou, je risque d’avoir un accident ! Arrive une descente. Un automobiliste met son clignotant à gauche et se déporte au centre de la route. Je passe en trombe à sa droite tous feux éteints et regarde dans le rétroviseur… le gars s’est arrêté dans sa manœuvre et cela m’intrigue. Je vois alors qu’il tourne… à droite ! Cette hésitation m’a sauvé la vie. Je suis béni de Dieu !
Ma mère achète un jour un ordinateur pour se parfaire au bridge. Je prends ce bel outil d’ordonnancement avec l’idée de mettre ma vie en graphiques afin de voir où j’en suis actuellement. Depuis ma naissance jusqu’à mes 46 ans, je trace deux courbes : d’une part je note mon « paraître », prenant de suite des décisions selon les événements qui se présentent, et d’autre part je note mon « être », reconnaissant après coup que certaines décisions qu’on m’a fait prendre, l’ont été finalement pour faire plaisir aux autres plus qu’à moi. Je reconnais de suite, d’une part la montée en flèche de mon paraître (je parais extérieurement inconsciemment très heureux) et d’autre part la descente infernale de mon être depuis mes 11 ans (à me reconnaître moi-même finalement consciemment à l’intérieur de moi comme malheureux). Là, je suis tout content de mesurer mon mal-être en reconnaissant que ma courbe « être » se casse inexorablement la figure !
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