Description
Extrait n° 1 – Page 33, lignes 1 à 19 & page 34, lignes 1 à 18
Seul le long d’une avenue qui donnait sur la façade de cet hôpital quasi militaire qui allait me délester de plus de cinq mille euros, je respirais profondément l’air ambiant de cette « nouvelle ville » qu’était Gonesse, une de nos formidables banlieues françaises !
Je n’avais sur moi que mon passeport, et mes poches ne contenaient que quelques centaines de thaï baths qui, en Thaïlande pourraient me permettre de boire, manger et dormir à l’hôtel, mais qui ici même ne me garantissaient qu’un misérable ticket pour rejoindre le centre de la capitale. Et encore me fallait-il trouver une banque assez raisonnable pour me faire le change. Vu l’heure tardive qu’il était, tout ceci était peine perdue.
Je décidai alors, tout en me rapprochant de la première station RER à ma portée, de demander à un quelconque passant quelques euros en échange de mes fabuleux billets thaïs. Et quelle ne fut pas ma surprise, au long des quelques minutes qui suivirent, de me rendre compte que je fis peur à toutes les personnes accostées qui ne daignèrent même pas écouter quelques secondes ce que j’avais à leur demander ! Je ne pus que constater le navrant renfermement sur soi de toutes ces silhouettes croisées, et compris à nouveau ce qui m’avait tant attiré chez les Thaïlandais, peuple ouvert et accueillant, toujours prêt à rendre service à autrui.
Les choses étant ainsi, une fois après avoir pénétré dans la station, je me résignai à devoir franchir illégalement les fameux tourniquets, sous l’œil indiscret des diverses caméras de surveillance qui étaient censées assurer la protection de tous. Et c’est sous les regards affolés de divers badauds que je passai à l’action, pour me retrouver, après avoir emprunté de nombreux escalators, sur le quai correspondant à la direction de la capitale. J’attendis nerveusement les quelques minutes qui me séparaient de l’arrivée du train en gare, au milieu d’une fourmilière d’individus tous plus tristes les uns que les autres, et bien trop occupés à regarder leurs souliers plutôt que leurs voisins. Amer constat d’une société perdue à jamais…
Extrait n° 2 – Page 163, lignes 1 à 19 & page 164, lignes 1 à 11
Lorsque je posai à nouveau mes pieds sur le sol thaïlandais, à l’heure où le crépuscule emplissait le ciel de Bangkok, je fus pris d’une montée d’adrénaline peu commune qui m’obligea à m’asseoir quelques minutes, afin de reprendre mon souffle et de mieux cadencer ma respiration. Puis, une fois remis, je filai dans la direction du contrôle d’immigration, où un agent en costume me regarda durant quelques secondes d’un air intrigué, avant de me laisser passer en me souhaitant un bon séjour. L’immense aéroport international qu’était Suvarnabhumi – réputé pour être le plus grand terminal passagers du monde – avait beau être climatisé, je ressentais déjà la fournaise extérieure au-delà des portes vitrées.
Après m’être détendu et avoir réussi à gérer mon trop-plein d’émotions, et vu que j’avais encore une petite heure devant moi avant d’embarquer à bord d’un vol interne direction Chiang Mai, j’allai me rafraîchir la nuque et le visage devant le lavabo d’un sanitaire de haut standing.
Là, debout devant un imposant miroir, et tandis que divers passagers de toutes nationalités s’agitaient autour de moi, je scrutai longuement mon visage dans la glace. Et je me fis peur, tellement les traits de mon faciès étaient tirés par la fatigue et le décalage horaire. J’avais vraiment l’allure d’un sauvage, et le pansement sur mon arcade sourcilière, ainsi que l’énorme plâtre qui me recouvrait le bras gauche, ne faisait qu’en rajouter une couche. Me dire que je devais me présenter dans cet état à ma famille me fit vraiment froid dans le dos.
Je me ressaisis vite face à cette vision, car après tout je venais tout de même de vivre trois semaines épiques sur Paris, et que malgré une maladie incurable que je traînais comme un singe sur l’épaule, je faisais toujours partie du monde des vivants.
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