Description
EXTRAITS
Dimanche 7 février 2016.
Il est 6 heures du matin.
Et il pourrait bien neiger dehors.
Died ne dort pas, il fume une cigarette.
Il a déjà pris sa décision dès son réveil, il ne veut plus de moi dans sa vie.
Allongé dans le grand lit, il paraît très concentré devant son écran d’ordinateur.
J’ai l’horrible sensation que c’est la dernière fois que je le verrai.
Le miroir tremble comme mes lèvres, il y a un léger courant d’air qui bouleverse tout, un souffle de mauvais augure qui défigure, fragmente la réalité du matin.
Il soupire, tirant un maximum sur la fine cigarette, pianote encore plus fort sur les touches du clavier.
Ma respiration est haletante. J’arrive à lui parler.
« Regarde-moi, je t’en prie.
Dis-moi que ce n’est pas fini.
Tu veux ta liberté, j’étais trop envahissante, j’ai vieilli, je ne suis plus belle à tes yeux.
Il y a plein de questions dans ma tête, réponds-moi, Died !!! »
J’éclate en sanglots et tape avec mes poings serrés sur la poitrine de Died.
Des larmes de désespérance coulent sur le corps de l’homme sans qu’il bronche.
Je le frappe encore plus fort.
Died crie, me secoue puis me repousse :
« Arrête, Claire, ça suffit, j’ai cinquante-six ans, je ne suis plus capable de supporter ces crises de nerfs.
Laisse-moi respirer ».
Incontrôlable, je cherche son regard.
Je tiens dans ma main quelque chose qui fait mal à la chair, qui punit l’enfant quand il a fait une grosse bêtise.
« Tiens, professeur, voilà ta cravache, fouette-moi, puis prends-moi. »
Le silence règne dans la chambre. Died, tel un dieu de l’Olympe visite son profil Facebook.
Je suis assise sur le bord du lit.
Mon regard gris azur fixe le carrelage glacé.
Le dos courbé, ma main est posée sur ma joue telle une statue de « Rodin », figée dans une pensée sans aucun droit au mouvement.
« Tu t’es lassé, tu as tout découvert, savouré : maintenant, tu es repu. Encore une gorgée de Claire, et tu vas me vomir », lui dis-je à bout portant.
Died se lève, enfile un jean et un pull.
« Habille-toi, Claire, je te ramène en voiture à la prochaine station de métro.
Tu n’es pas bien, il faut que tu sois un peu seule », dit-il sagement.
Died l’admire une dernière fois.
Claire est terriblement belle à la lueur des premiers rayons du soleil, même sa nudité n’a rien d’impudique, au contraire, tout en nuances et délicatesse, en fait, à son image de femme enfant.
Les yeux sont rougis par ses sanglots intempestifs.
Son mascara coule en traînées noires sur ses joues.
La glace de la psyché, placée dans l’entrée du vestibule, lui renvoie l’image d’une femme à l’air très destroy ; cet air-là, autrefois, il en crevait d’amour.
Aujourd’hui, il ne le supporte plus.
« Seule, Diep, tu crois que je ne le suis pas suffisamment dans ma tête », dis-je avec difficulté.
André Simon Victor MAMOU –
« A l’amour, ad vitam aeternam « un roman de Isabelle Labé : un hymne à l’amour
Claire a 52 ans. Elle a un compagnon , Died, professeur de sciences politiques, qui vient de séduire Rose, une de ses étudiantes ( ou d’être capturé par elle ).Rose a la beauté , le sourire, la gaieté , la jeunesse ravageuse.
Sans un regret, il quitte Claire . Pleurs, chagrin, tristesse…. Simon et Clotilde, ses amis de toujours essayent de la consoler, son grand fils étudiant en Math Sup à Lyon vient à la rescousse. Mais c’est beaucoup trop dur pour elle , cette rupture après 5 ans d’entente parfaite et Claire commence à perdre pied.
Elle va rencontrer Henri, un médecin de Médecins sans frontières qui va l’intriguer puis la séduire et l’emmener avec lui dans ses missions . Il y aura un séjour à Milan en juillet avec 36 degrés à l’ombre . Un séjour au Groenland où la température est de moins 30 degrés,puis Alep bombardée par les fous de Dieu , ou par les forces gouvernementales et Ahmed voit périr sa femme et son fils puis reçoit 2 balles qui lui transpercent un bras et une jambe . Henri est là et il le sauve …
Non, je ne vais pas tout vous raconter et surtout pas ce qui survient à la fin du premier chapitre . Sachez que tout se termine bien, le méchant est puni et ceux qui étaient plongés dans l’affliction , retrouvent un bonheur mérité.
C’est écrit sous forme de journal intime : des phrases courtes , des mots simples , des impressions , des confidences .
Le cadre est évoqué , c’est Marseille et le cloaque de ses quartiers nord , drogues et dealers, violences et règlements de comptes . C’est Marseille avec le mistral qui vient nettoyer le ciel, le soleil , les calanques et la mer à Cassis, fraîche et profonde, ce sont les « peuchéres » des marseillais pour marquer leur sympathie ou faire part de leur intérêt.
Il y a un thème dominant : l’hymne à l’amour ! Des sentiments à l’attachement, à la tendresse , à la passion et il y a l’amour torride des corps jamais rassasiés . L’auteure décrit tout parfaitement . C’est très actuel , ce thème de la femme de 50 ans que Yann Moix juge « inintéressante » ce qui veut dire plus crûment , « imbaisable. « …
C’est une histoire plaisante, qui se lit en un peu plus d’une heure et qui pourrait être le synopsis d’un film à succès.
André Simon Victor